Extrait du chapitre 1 

Rencontre entre Michael (le héros) et Richard Bishop

Michael réfléchit un instant. Il n’avait pas vraiment envie de discuter avec cet homme mais sa curiosité le poussa finalement à opiner. Il s’assit face à l’homme et posa ses bras sur la table métallique en une posture qu’il voulait décontractée. Son collègue s’approcha d’eux et leur demanda ce qu’ils désiraient.

-       Un thé, s’il vous plait,  répondit aussitôt l’homme mystère.

Le serveur tourna la tête vers Michael qui fixait toujours son vis-à-vis.

-       Un expresso, dit-il au bout de plusieurs secondes sans détourner le regard. Le serveur s’en alla et l’homme mystère lui adressa un sourire.

-       Classique. Pour moi c’est plus traditionnel. Je suis anglais.

-       Vous n’avez pas d’accent.

-       Non, c’est vrai. Je vis la plupart du temps en France. A force, j’ai réussi à effacer mes anglicismes, à part pour le thé, évidement. Vous-même êtes d’origine irlandaise, je crois.

Le jeune homme fit semblant de ne pas être surpris par ses paroles.

-       Mon père était irlandais mais j’ai la double nationalité, dit-il sans entrer plus dans les détails. L’homme mystère connaissait déjà probablement son histoire de toute manière. Alors, de quoi est-ce que vous voulez parler ?

-       De vous.

Michael haussa un sourcil et s’autorisa un sourire ironique.

-       De moi ? C’est un sujet intéressant, en effet et en plus vous avez de la chance, je ne fais pas encore payer mes interviews !

-       C’est encore plus intéressant que vous ne le pensez, Michael, répondit l’homme à la chemise d’un ton absolument sérieux.

Il n’a pas le sens de l’humour, pensa-t-il en s’adossant tranquillement contre le dossier de sa chaise. Il n’était absolument pas à l’aise mais essayait tant bien que mal de se donner une contenance.

-       Je réalise que je ne me suis même pas présenté, fit alors son vis-à-vis. C’est particulièrement grossier de ma part. Je m’appelle Richard Bishop.

-       Je crois qu’en ce qui me concerne, je n’ai pas besoin de vous donner mon nom.

-       Non en effet, répondit Bishop avec un petit rire. Je sais que mes recherches doivent vous sembler bien intrusives mais c’était nécessaire. En fait, j’ai connu bien connu vos parents.

-       Comment ça ? demanda Michael de plus en plus intrigué.

-       Nous travaillions ensemble. J’ai été très peiné par leur décès, c’est arrivé si subitement. Mais nous avions conscience des risques du métier…

Michael le fixa du regard. Qu’est-ce que racontait ce type ? Cette histoire lui déplaisait de plus en plus. Il n’aurait jamais du accepter de parler avec lui. Les filatures, les informations sur sa vie privée et maintenant ça ? Il était certainement complètement dément.

-       Mes parents sont morts dans un accident de voiture, déclara-t-il avec un aplomb qui le surprit lui-même.

-       C’est ce qu’on vous a dit ? C’est une explication banale mais en aucun cas la vérité. Remarquez ça permet d'éviter les questions. Pourquoi sont-ils morts en même temps ? Pourquoi les cercueils étaient fermés lors de l’enterrement…

Michael frémit malgré lui.

-       Excusez-moi, reprit Bishop. Je ne voulais pas vous mettre mal à l’aise.

-       Et bien c’est raté.

-       Je m’en rends compte… Mais comme je vous l’ai dit, j’aime aller droit au but et souvent je manque de tact, je l’avoue.